Кирилл Харитонов
Кирилл Харитонов
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Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux... ― Двадцатилетнего труда достойный плод...

LA GLOIRE¹ DU DÔME DU VAL-DE-GRÂCE.
de Molière Мольер

Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux,
Auguste bâtiment, temple majestueux,
Dont le dôme superbe, élevé dans la nue,
Pare du grand Paris la magnifique vue,
Et, parmi tant d’objets semés de toutes parts,
Du voyageur surpris prend les premiers regards,
Fais briller à jamais, dans ta noble richesse,
La splendeur du saint vœu d’une grande princesse²
Et porte un témoignage à la postérité
De sa magnificence et de sa piété ;
Conserve à nos neveux une montre fidèle
Des exquises beautés que tu tiens de son zèle :
Mais défends bien surtout de l’injure des ans
Le chef-d’œuvre fameux de ses riches présents,
Cet éclatant morceau de savante peinture,
Dont elle a couronné ta noble architecture :
C’est le plus bel effet des grands soins qu’elle a pris,
Et ton marbre et ton or ne sont point de ce prix.

Toi qui dans cette coupe, à ton vaste génie
Comme un ample théâtre heureusement fournie,
Es venu déployer les précieux trésors
Que le Tibre t’a vu ramasser sur ses bords ;
Dis-nous, fameux Mignard, par qui te sont versées
Les charmantes beautés de tes nobles pensées,
Et dans quel fonds tu prends cette variété
Dont l’esprit est surpris, et l’œil est enchanté.
Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles,
De tes expressions enfante les merveilles ;
Quels charmes ton pinceau répand dans tous ses traits
Quelle force il y mêle à ses plus doux attraits,
Et quel est ce pouvoir qu’au bout des doigts tu portes.
Qui sait faire à nos yeux vivre des choses mortes
Et, d’un peu de mélange et de bruns et de clairs,
Rendre esprit la couleur, et les pierres des chairs.

Tu te tais, et prétends que ce sont des matières
Dont tu dois nous cacher les savantes lumières,
Et que ces beaux secrets, à tes travaux vendus,
Te coûtent un peu trop pour être répandus ;
Mais ton pinceau s’explique et trahit ton silence ;
Malgré toi, de ton art il nous fait confidence ;
Et, dans ses beaux efforts à nos yeux étalés,
Les mystères profonds nous en sont révélés.
Une pleine lumière ici nous est offerte ;
Et ce dôme pompeux est une école ouverte,
Où l’ouvrage, faisant l’office de la voix,
Dicte de ton grand art les souveraines lois.
Il nous dit fortement les trois nobles parties³
Qui rendent d’un tableau les beautés assorties,
Et dont, en s’unissant, les talents relevés
Donnent à l’univers les peintres achevés.

Mais des trois, comme reine, il nous expose celle⁴
Que ne peut nous donner le travail, ni le zèle ;
Et qui, comme un présent de la faveur des cieux,
Est du nom de divine appelée en tous lieux ;
Elle dont l’essor monte au-dessus du tonnerre,
Et sans qui l’on demeure à ramper contre terre.
Qui meut tout, règle tout, en ordonne à son choix,

Et des deux autres mène et régit les emplois.
Il nous enseigne à prendre une digne matière
Qui donne au feu du peintre une vaste carrière,
Et puisse recevoir tous les grands ornements
Qu’enfante un beau génie en ses accouchements,
Et dont la poésie et sa sœur la peinture,
Parant l’instruction de leur docte imposture,
Composent avec art ces attraits, ces douceurs,
Qui font à leurs leçons un passage en nos cœurs,
Et par qui, de tout temps, ces deux sœurs si pareilles
Charment, l’une les yeux, et l’autre les oreilles.
Mais il nous dit de fuir un discord apparent
Du lieu que l’on nous donne et du sujet qu’on prend ;
Et de ne point placer, dans un tombeau de fêtes,
Le ciel contre nos pieds, et l’enfer sur nos têtes.
Il nous apprend à faire, avec détachement,
De groupes contrastés un noble agencement,
Qui du champ du tableau fasse un juste partage,
En conservant les bords un peu légers d’ouvrage,
N’ayant nul embarras, nul fracas vicieux
Qui rompe ce repos, si fort ami des yeux ;
Mais où, sans se presser, le groupe se rassemble,
Et forme un doux concert, fasse un beau tout ensemble,
Où rien ne soit à l’œil mendié, ni redit,
Tout s’y voyant tiré d’un vaste fonds d’esprit,
Assaisonné du sel de nos grâces antiques,
Et non du fade goût des ornements gothiques,
Ces monstres odieux des siècles ignorants,
Que de la barbarie ont produits les torrents,
Quand leur cours, inondant presque toute la terre,
Fit à la politesse une mortelle guerre.
Et, de la grande Rome abattant les remparts,
Vint, avec son empire, étouffer les beaux-arts.
Il nous montre à poser avec noblesse et grâce
La première figure à la plus belle place,
Riche d’un agrément, d’un brillant de grandeur
Qui s’empare d’abord des yeux du spectateur ;
Prenant un soin exact que, dans tout son ouvrage,
Elle joue aux regards le plus beau personnage ;
Et que, par aucun rôle au spectacle placé,
Le héros du tableau ne se voie effacé.

Il nous enseigne à fuir les ornements débiles
Des épisodes froids, et qui sont inutiles.
À donner au sujet toute sa vérité,
À lui garder partout pleine fidélité,
Et ne se point porter à prendre de licence,
À moins qu’à des beautés elle donne naissance.

Il nous dicte amplement les leçons du dessin⁵,
Dans la manière grecque, et dans le goût romain :
Le grand choix du beau vrai, de la belle nature,
Sur les restes exquis de l’antique sculpture,
Qui prenant d’un sujet la brillante beauté,
En savoit séparer la foible vérité,
Et formant de plusieurs une beauté parfaite,
Nous corrige par l’art la nature qu’on traite.
Il nous explique à fond, dans ses instructions,
L’union de la grâce et des proportions :
Les figures partout doctement dégradées,
Et leurs extrémités soigneusement gardées ;
Les contrastes savants des membres agroupés,
Grands, nobles, étendus, et bien développés,
Balancés sur leur centre en beauté d’attitude,
Tous formés l’un pour l’autre avec exactitude,
Et n’offrant point aux yeux ces galimatias
Où la tête n’est point de la jambe, ou du bras ;
Leur juste attachement aux lieux qui les font naître,
Et les muscles touchés autant qu’ils doivent l’être ;
La beauté des contours observés avec soin,
Point durement traités, amples, tirés de loin,
Inégaux, ondoyants, et tenant de la flamme,
Afin de conserver plus d’action et d’âme.
Les nobles airs de tête amplement variés,
Et tous au caractère avec choix mariés ;
Et c’est là qu’un grand peintre, avec pleine largesse,
D’une féconde idée étale la richesse,
Faisant briller partout de la diversité,
Et ne tombant jamais dans un air répété :
Mais un peintre commun trouve une peine extrême
À sortir, dans ses airs, de l’amour de soi-même ;
De redites sans nombre il fatigue les yeux,

Et, plein de son image, il se peint en tous lieux.
Il nous enseigne aussi les belles draperies,
De grands plis bien jetés suffisamment nourries,
Dont l’ornement aux yeux doit conserver le nu,
Mais qui, pour le marquer, soit un peu retenu,
Qui ne s’y colle point, mais en suive la grâce,
Et, sans la serrer trop, la caresse et l’embrasse.
Il nous montre à quel air, dans quelles actions,
Se distinguent à l’œil toutes les passions ;
Les mouvements du cœur, peints d’une adresse extrême,
Par des gestes puisés dans la passion même,
Bien marqués pour parler, appuyés, forts, et nets,
Imitant en vigueur les gestes des muets,
Qui veulent réparer la voix que la nature
Leur a voulu nier, ainsi qu’à la peinture.

Il nous étale enfin les mystères exquis
De la belle partie où triompha Zeuxis⁶,
Et qui, le revêtant d’une gloire immortelle,
Le fit aller de pair avec le grand Apelle :
L’union, les concerts, et les tons des couleurs,
Contrastes, amitiés, ruptures, et valeurs,
Qui font les grands effets, les fortes impostures,
L’achèvement de l’art, et l’ame des figures.
Il nous dit clairement dans quel choix le plus beau
On peut prendre le jour et le champ du tableau :
Les distributions et d’ombre et de lumière
Sur chacun des objets et sur la masse entière ;
Leur dégradation dans l’espace de l’air
Par les tons différents de l’obscur et du clair,
Et quelle force il faut aux objets mis en place
Que l’approche distingue et le lointain efface ;
Les gracieux repos que, par des soins communs,
Les bruns donnent aux clairs, comme les clairs aux bruns,
Avec quel agrément d’insensible passage
Doivent ces opposés entrer en assemblage,
Par quelle douce chute ils doivent y tomber,
Et dans un milieu tendre aux yeux se dérober,
Ces fonds officieux qu’avec art on se donne,
Qui reçoivent si bien ce qu’on leur abandonne ;

Par quels coups de pinceau, formant de la rondeur,
Le peintre donne au plat le relief du sculpteur ;
Quel adoucissement des teintes de lumière
Fait perdre ce qui tourne et le chasse derrière,
Et comme avec un champ fuyant, vague et léger,
La fierté de l’obscur, sur la douceur du clair
Triomphant de la toile, en tire avec puissance
Les figures que veut garder sa résistance ;
Et, malgré tout l’effort qu’elle oppose à ses coups,
Les détache du fond, et les amène à nous.

Il nous dit tout cela, ton admirable ouvrage :
Mais, illustre Mignard, n’en prends aucun ombrage ;
Ne crains pas que ton art, par ta main découvert,
À marcher sur tes pas tienne un chemin ouvert,
Et que de ses leçons les grands et beaux oracles
Élèvent d’autres mains à tes doctes miracles :
Il y faut des talents que ton mérite joint,
Et ce sont des secrets qui ne s’apprennent point.
On n’acquiert point, Mignard, par les soins qu’on se donne,
Trois choses dont les dons brillent dans la personne,
Les passions, la grâce, et les tons de couleur
Qui des riches tableaux font l’exquise valeur ;
Ce sont présents du ciel, qu’on voit peu qu’il assemble ;
Et les siècles ont peine à les trouver ensemble.
C’est par là qu’à nos yeux nuls travaux enfantés
De ton noble travail n’atteindront les beautés.
Malgré tous les pinceaux que ta gloire réveille,
Il sera de nos jours la fameuse merveille,
Et des bouts de la terre en ces superbes lieux
Attirera les pas des savants curieux.

Ô vous, dignes objets de la noble tendresse
Qu’a fait briller pour vous cette auguste princesse,
Dont au grand Dieu naissant, au véritable Dieu,
Le zèle magnifique a consacré ce lieu,
Purs esprits, où du ciel sont les grâces infuses,
Beaux temples des vertus, admirables recluses,
Qui, dans votre retraite, avec tant de ferveur,

Mêlez parfaitement la retraite du cœur,
Et, par un choix pieux hors du monde placées,
Ne détachez vers lui nulle de vos pensées,
Qu’il vous est cher d’avoir sans cesse devant vous
Ce tableau de l’objet de vos vœux les plus doux,
D’y nourrir par vos yeux les précieuses flammes
Dont si fidèlement brûlent vos belles âmes,
D’y sentir redoubler l’ardeur de vos désirs,
D’y donner à toute heure un encens de soupirs,
Et d’embrasser du cœur une image si belle
Des célestes beautés de la gloire éternelle,
Beautés qui dans leurs fers tiennent vos libertés,
Et vous font mépriser toutes autres beautés !

Et toi, qui fus jadis la maîtresse du monde,
Docte et fameuse école en raretés féconde,
Où les arts déterrés ont, par un digne effort,
Réparé les dégâts des barbares du Nord ;
Source des beaux débris des siècles mémorables,
Ô Rome, qu’à tes soins nous sommes redevables
De nous avoir rendu, façonné de ta main,
Ce grand homme, chez toi devenu tout Romain,
Dont le pinceau, célèbre avec magnificence,
De ces riches travaux vient parer notre France,
Et dans un noble lustre y produire à nos yeux
Cette belle peinture inconnue en ces lieux,
La fresque, dont la grâce, à l’autre préférée,
Se conserve un éclat d’éternelle durée,
Mais dont la promptitude et les brusques fiertés
Veulent un grand génie à toucher ses beautés !
De l’autre qu’on connoît la traitable méthode
Aux foiblesses d’un peintre aisément s’accommode :
La paresse de l’huile, allant avec lenteur,
Du plus tardif génie attend la pesanteur ;
Elle sait secourir, par le temps qu’elle donne,
Les faux pas que peut faire un pinceau qui tâtonne ;
Et sur cette peinture on peut, pour faire mieux,
Revenir, quand on veut, avec de nouveaux yeux.
Cette commodité de retoucher l’ouvrage
Aux peintres chancelants est un grand avantage ;
Et ce qu’on ne fait pas en vingt fois qu’on reprend,
On le peut faire en trente, on le peut faire en cent.

Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance,
Qu’un peintre s’accommode à son impatience,
La traite à sa manière, et, d’un travail soudain,
Saisisse le moment qu’elle donne à sa main.
La sévère rigueur de ce moment qui passe
Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ;
Avec elle il n’est point de retour à tenter,
Et tout, au premier coup, se doit exécuter.
Elle veut un esprit où se rencontre unie
La pleine connoissance avec le grand génie,
Secouru d’une main propre à le seconder,
Et maîtresse de l’art jusqu’à le gourmander,
Une main prompte à suivre un beau feu qui la guide,
Et dont, comme un éclair, la justesse rapide
Répande dans ses fonds, à grands traits non tâtés,
De ses expressions les touchantes beautés.
C’est par là que la fresque, éclatante de gloire,
Sur les honneurs de l’autre emporte la victoire,
Et que tous les savants, en juges délicats,
Donnent la préférence à ses mâles appas.
Cent doctes mains chez elle ont cherché la louange
Et Jules, Annibal, Raphaël, Michel-Ange,
Les Mignards de leur siècle, en illustres rivaux,
Ont voulu par la fresque ennoblir leurs travaux.

Nous la voyons ici doctement revêtue
De tous les grands attraits qui surprennent la vue.
Jamais rien de pareil n’a paru dans ces lieux ;
Et la belle inconnue a frappé tous les yeux.
Elle a non-seulement, par ses grâces fertiles,
Charmé du grand Paris les connoisseurs habiles,
Et touché de la cour le beau monde savant ;
Ses miracles encore ont passé plus avant,
Et de nos courtisans les plus légers d’étude
Elle a pour quelque temps fixé l’inquiétude,
Arrêté leur esprit, attaché leurs regards,
Et fait descendre en eux quelque goût des beaux-arts
Mais ce qui, plus que tout, élève son mérite,
C’est de l’auguste Roi l’éclatante visite ;
Ce monarque, dont l’âme aux grandes qualités
Joint un goût délicat des savantes beautés,
Qui, séparant le bon d’avec son apparence,

Décide sans erreur, et loue avec prudence ;
LOUIS, le grand LOUIS, dont l’esprit souverain
Ne dit rien au hasard, et voit tout d’un œil sain,
A versé de sa bouche à ses grâces brillantes
De deux précieux mots les douceurs chatouillantes ;
Et l’on sait qu’en deux mots ce roi judicieux
Fait des plus beaux travaux l’éloge glorieux.

Colbert, dont le bon goût suit celui de son maître,
A senti même charme, et nous le fait paroître.
Ce vigoureux génie au travail si constant,
Dont la vaste prudence à tous emplois s’étend,
Qui, du choix souverain, tient, par son haut mérite,
Du commerce et des arts la suprême conduite,
A d’une noble idée enfanté le dessein
Qu’il confie aux talents de cette docte main,
Et dont il veut par elle attacher la richesse
Aux sacrés murs du temple où son cœur s’intéresse⁷.
La voilà, cette main, qui se met en chaleur ;
Elle prend les pinceaux, trace, étend la couleur,
Empâte, adoucit, touche, et ne fait nulle pause :
Voilà qu’elle a fini ; l’ouvrage aux yeux s’expose ;
Et nous y découvrons, aux yeux des grands experts,
Trois miracles de l’art en trois tableaux divers.
Mais, parmi cent objets d’une beauté touchante,
Le Dieu porte au respect, et n’a rien qui n’enchante ;
Rien en grâce, en douceur, en vive majesté,
Qui ne présente à l’œil une divinité ;
Elle est toute en ses traits si brillants de noblesse :
La grandeur y paroît, l’équité, la sagesse,
La bonté, la puissance ; enfin ces traits font voir
Ce que l’esprit de l’homme a peine à concevoir.

Poursuis, ô grand Colbert, à vouloir dans la France
Des arts que tu régis établir l’excellence,
Et donne à ce projet, et si grand et si beau,
Tous les riches moments d’un si docte pinceau.
Attache à des travaux, dont l’éclat te renomme,
Les restes précieux des jours de ce grand homme.
Tels hommes rarement se peuvent présenter.

Et, quand le ciel les donne, il faut en profiter.
De ces mains, dont les temps ne sont guère prodigues,
Tu dois à l’univers les savantes fatigues ;
C’est à ton ministère à les aller saisir
Pour les mettre aux emplois que tu peux leur choisir,
Et, pour ta propre gloire, il ne faut point attendre
Qu’elles viennent l’offrir ce que ton choix doit prendre.
Les grands hommes, Colbert, sont mauvais courtisans,
Peu faits à s’acquitter des devoirs complaisants ;
À leurs réflexions tout entiers ils se donnent ;
Et ce n’est que par là qu’ils se perfectionnent.
L’étude et la visite ont leurs talents à part.
Qui se donne à la cour se dérobe à son art.
Un esprit partagé rarement s’y consomme,
Et les emplois de feu demandent tout un homme.
Ils ne sauroient quitter les soins de leur métier
Pour aller chaque jour fatiguer ton portier ;
Ni partout, près de toi, par d’assidus hommages
Mendier des prôneurs les éclatants suffrages.
Cet amour du travail, qui toujours règne en eux,
Rend à tous autres soins leur esprit paresseux ;
Et tu dois consentir à cette négligence
Qui de leurs beaux talents te nourrit l’excellence.
Souffre que, dans leur art s’avançant chaque jour
Par leurs ouvrages seuls ils te fassent leur cour.
Leur mérite à tes yeux y peut assez paroître ;
Consultes-en ton goût, il s’y connoît en maître,
Et te dira toujours, pour l’honneur de ton choix,
Sur qui tu dois verser l’éclat des grands emplois.
C’est ainsi que des arts la renaissante gloire
De tes illustres soins ornera la mémoire ;
Et que ton nom, porté dans cent travaux pompeux,
Passera triomphant à nos derniers neveux.

1669

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Église du Val-de-Grâce, à Paris (France) : la fresque monumentale de la coupole, œuvre de Pierre Mignard à qui elle avait été commandée en 1663. Photo: Myrabella / Wikimedia Commons

СЛАВА¹ КУПОЛА ВАЛЬ-ДЕ-ГРАС.

Двадцатилетнего труда достойный плод,
Величественный храм, вознесший в небосвод
Надменный купол свой, который, украшая
Парижа дивный вид и взоры поражая,
Средь множества чудес, влекущих в этот град,
Пленяет путника едва ль не первый взгляд, —
Навеки пышностью блистая благородной,
Прославь монархини обет богоугодный,²
Потомству предъявив свидетельство свое
О благочестии и щедрости ее.
Пускай грядущие взирают поколенья
На бесподобный плод ее святого рвенья;
Особо же храни от натиска годов
Великолепный свод, ценнейший из даров,
Затем что кисти он блестящее творенье,
Венчающее все твое сооруженье,
И эта живопись, искусства торжество,
Дороже мрамора и злата твоего.

А ты, явивший нам на сем обширном фоне,
На дивном поприще свой гений всесторонний,
Открывший взорам клад, единственный в веках,
Отысканный тобой на тибрских берегах,
Прославленный Миньяр, ответствуй нам: откуда
Возникло красоты невиданное чудо?
Где мыслей ты нашел возвышенный запас,
Пленяющих наш ум и радующих глаз?
Скажи нам, что за огнь божественный пылает
Во всем, что гений твой роскошно созидает?
Чем обольщает нас малейший кисти взмах?
Какая скрыта мощь в столь сладостных чертах?
Какая тайная в твоих перстах есть сила,
Что мертвые для нас предметы воскресила,
Сумев перемешать искусно тень и свет,
Чтоб камень плотью стал и чистым духом — цвет?

Но ты молчишь, Миньяр, и не даешь ответа,
Ни на один вопрос не проливаешь света,
Считая, что хранить ты вправе свой секрет,
Которому цены, конечно, сходной нет.
Однако, кисть твоя молчанье нарушает
И труд твой вопреки тебе разоблачает,
Не в силах сдерживать прекрасный свой порыв
И тайну творчества нам до конца раскрыв.
Ее для нас уже не существует боле:
Под пышным куполом мы — как в открытой школе,
Где живопись сама — благое божество! —
Вещает правила искусства твоего,
О главных трех частях твердит нам вдохновенно³,
Необходимых для картины совершенной
И в сочетании которых испокон
Залог высокого успеха заключен.

Но отдает она, бесспорно, предпочтенье
Лишь той⁴, которую родит не труд, не рвенье;
Лишь той, которую, как высший дар небес,
Везде считаем мы за чудо из чудес;
Лишь той, парению которой нет преграды;
Без коей по земле мы ползаем, как гады,
Всем управляющей по прихоти своей
И указующей роль двух других частей.
Достойный замысел художнику внушая
И творческий порыв собою завершая,
Она ведет его на поприще, где он
Способен воплотить в действительность свой сон
И где поэзия и живопись согласно,
Как две сестры, обман даруют нам прекрасный,
Умно использовав всех прелестей запас,
Что к сердцу каждого находят путь тотчас,
И, облачившись в столь похожие уборы,
Одна пленяет слух, другая — наши взоры.

Твое творение нам подает совет —
Согласовать всегда и место и сюжет,
Не затевать пиров вокруг могилы, где бы
Над головой был ад, а под ногами небо;
Советует ласкать гармонией наш взгляд,
Из двух контрастных групп создав один уклад,
Который, правильно распределив все роли,
Обилием фигур не загружал бы поле,
Но удалял бы прочь смятенье, крик и гам,
Покоя б не смущал, любезного очам, —
Такой порядок, где без толчеи напрасной
Образовало б всё один ансамбль согласный,
Где дважды не было б ничто повторено,
Где было б всё из недр души извлечено,
Умно приправлено изяществом античным —
Не стилем готики, лишь варварству приличным,
Чудовищным векам невежества и тьмы,
Под тяжким бременем которых гибли мы,
Когда, почти весь мир залив своей волною,
На вкус изысканный они пошли войною
И, обратив во прах могущественный Рим,
Едва не погребли искусство вместе с ним.

Оно советует, не прибегая к лести,
Главнейшее лицо на первом ставить месте,
Но блеск величия, пленяющий наш глаз,
Не с помощью пустых подчеркивать прикрас,
Блюдя, как правило, чтобы на первом плане,
В итоге множества приложенных стараний,
Не заслоняемый деталью ни одной,
Спокойно выступал намеченный герой.

Оно зовет: уйти от ложных украшений,
От мелочей пустых, от лишних наслоений,
В сюжете следовать лишь истине живой,
Быть верным ей во всем, быть верным ей одной,
И вольности себе не разрешать, помимо
Тех случаев, когда она необходима.

Рисунка тщательный оно дает урок⁵,
Чтоб стиль классический усвоить каждый мог,
И учит находить прекрасную натуру,
Приняв за образец античную скульптуру,
Которая, избрав какой-нибудь предмет,
Все лучшие черты выводит в нем на свет,
В разнообразии единство постигает
И смело естество искусством исправляет.
Оно внедряет в нас, воспитывая вкус,
Пропорций правильных и грации союз,
Искусного фигур желает сокращенья,
Не допуская форм природных извращенья;
Контрасты требует умно распределять,
Вполне развитыми тела изображать
И, в выгоднейшем их расположив соседстве,
Строжайше соблюсти законы соответствий,
Стараться избегать такой галиматьи,
Когда конечности у тела не свои
Или играют роль нелепого довеска;
Все мускулы отнюдь подчеркивать не резко,
Следя за контуров свободных красотой,
Волнообразною рисуя их чертой,
Чтоб жизни полными, похожими на пламя,
Подвижными они предстали перед нами;
Непринужденный нам дает голов постав,
С характером фигур их тонко сочетав;
Здесь именно талант, всем мастерством владея,
Способен широко раскрыть свою идею,
Разнообразием приемов удивив
И повторения нигде не допустив.
Но заурядному художнику здесь трудно
Преодолеть свой мир себялюбиво-скудный,
И, пересказами наш утомляя глаз,
На скуку смертную он обрекает нас.

Оно знакомит нас, как надо драпировкой,
Одной лишь складкою, уложенною ловко,
Соблазны наготы от взора укрывать,
Как формам следовать, быть им всегда под стать,
Не отнимать у них их прелести природной,
Но облегать легко, изящно и свободно.
Наглядным образом оно твердит о том,
Как мы язык страстей в поступках познаем,
Движения души воспроизводит ясно
Жестикуляцией красноречиво-страстной,
Напоминающей нам разговор немых,
Столь полный сильных чувств, глубоких и живых
И в слове ищущих напрасно выраженья,
Как живопись, увы, немая от рожденья.

Оно той области вскрывает существо⁶,
Где Зевксис испытал такое торжество
И где, бессмертную стяжав навеки славу,
С Апеллесом он мог соперничать по праву.
Согласные цвета, контрастные тона,
Враждебность красок, их сродство и глубина,
С иллюзиями их, с их зрительным обманом,
В очаровании нас держат беспрестанном.
Твое творение нам ясно говорит,
Как надо связывать со светом колорит;
Как надо светотень распределять умело,
Не нанося притом ущерба массе целой;
Как надо ослаблять и умерять тона,
Чтоб даль действительно была удалена,
И как любой предмет, затерянный в тумане,
Легко воспроизвесть опять на первом плане;
Как чередуются, сменяясь неспроста,
Друг с другом темные и светлые цвета,
Как смешиваются они непринужденно,
Как создают они единство фона,
Как растворяются и тают без следа,
Как поглощает их нежнейшая среда,
Услужливейший фон, который принимает
Всё то, что для него художник оставляет;
Какими тайнами ваянья овладев,
Он может плоскости придать любой рельеф;
Как постепенно он, смягчив оттенки света,
Отодвигает вглубь все контуры предмета
И как расплывчатый, почти воздушный фон
Бывает сумраком надменным поглощен;
Как, завладев холстом, разгул стихии черной
Фигуры удержать старается упорно
И, несмотря на всё, как может этот плен
Простым приемом быть легко преодолен.

Всё это нам гласит, Миньяр, твое творенье.
Однако пусть тебя не мучат подозренья.
Не бойся, чтоб оно любому помогло
Твое высокое постигнуть ремесло,
Чтоб к мастерству твои чудесные уроки
Открыли доступ всем свободный и широкий;
Здесь, кроме мастерства, талант необходим,
А к этой тайне тайн путь неисповедим.
Их не приобретешь, как плод ночей бессонных,
Три качества, Миньяр, в тебе соединенных:
Ни страсть, ни грацию, ни дивный колорит,
Которыми твой труд повсюду знаменит.
Они — дары небес: лишь в виде исключенья,
В одном лице всех трех мы видим совмещенье.
Поэтому никто из тех, кто вслед идет
Тебе, Миньяр, вовек тебя не превзойдет.
Пусть множество кистей твой славный труд пробудит,
Он чудом наших дней и гордостью пребудет,
Со всех концов земли ученых знатоков
Он станет привлекать в течение веков.

О вы, достойные предметы попеченья
Благой монархии, в честь таинства рожденья
Спасителя, с небес ниспосланного нам,
Воздвигшей щедростью своею этот храм!
О духи чистые, сосуды благодати,
От мира дольнего, погрязшего в разврате,
Ушедшие сюда, где вашей веры пыл
От суеты земной вас прочно оградил,
Где грешный помысел отныне ни единой
Души не возмутит затворницы невинной, —
Как сладко вам иметь всегда перед собой
Сей образ, вызвавший у вас обет святой!
Как сладко пожирать его весь день глазами
И, возбуждая им души прекрасной пламя,
В нем пищу находить возвышенным мечтам,
Всегда кадить ему вздыханий фимиам,
И видеть пред собой вам предстоящей въяве
Небесную красу в ее бессмертной славе,
Вас побудившую во имя чистых уз
С земною прелестью презреть навек союз!

А ты, что некогда был властелином мира
И мудрой школою, чьи кисть, резец и лира,
Вновь обретенные во праве вековом,
Полночных варваров исправили разгром;
Сокровищ сказочных источник лучезарный,
Великий Рим, о, как тебе мы благодарны
За то, что, получив из рук твоих закал,
Сей знаменитый муж впрямь римлянином стал;
За то, что кисть его, охвачена гореньем,
Всю Францию своим украсила твореньем
И в благородный век в усладу всем очам,
Явила живопись, неведомую нам, —
Столь долговечное искусство легкой фрески,
В которой быстроту и норов слишком резкий
Высокомерного и пылкого мазка
Умеет укрощать лишь мощная рука!

Ее сестры куда сговорчивее норов:
Она художнику без долгих разговоров
Вся подчиняется, его спокойно ждет,
И с ней тяжелодум не ведает забот.
Колеблющемуся она дает возможность
Всечасно проявлять большую осторожность
И править полотно свое за пядью пядь,
Чрез некоторый срок придя к нему опять.
Для нерешительных художников бесспорно
Такая медленность в работе благотворна,
И что им в двадцать раз не удается, то
Удастся в тридцать раз доделать или в сто.

Но фреска требует, горя от нетерпенья,
Чтоб мастер никогда не упускал мгновенья,
Которое она дала его руке,
И всё искусство здесь — в стремительном мазке.
Ошибку каждую за грех считая тяжкий,
Она ничтожнейшей не признает поблажки;
При ней поправок нет: малейшее пятно
Должно быть сразу же на грунт нанесено.
Да, фреска требует от кисти сочетанья
Таланта высшего и высшего познанья,
Поддерживаемых уверенной рукой,
Способной справиться с помехою любой,
С любою перед ней поставленной задачей,
Рукою — спутницей фантазии горячей
И воплощающей почти что на лету
Без колебания прекрасную мечту.
Вот это именно и доставляет фреске
Победу над сестрой, соперницею в блеске,
И побуждает всех ценителей конклав
Предпочитать ее столь мужественный нрав.
К ней кисти лучшие влекутся беспрестанно
И Микеланджело, Карраччи и Романо,
Миньяры славные столетья своего,
Во фреске видели искусства торжество.

Здесь предстает она в изысканном наряде,
Пленяющею нас уже при первом взгляде;
Никто не видывал здесь прелести такой,
И незнакомка всех сразила красотой.
Прекрасным мастерством и чувством вдохновенным
Не только знатокам понравилась отменным,
Она очаровать сумела даже двор;
Любого зрителя приковывая взор,
В придворном щеголе, в невежде равнодушном
Вниманье пробудив к своим красам воздушным,
Она смущенный взгляд не раз к себе влекла
И в них известный вкус к искусству развила.

Но более всего поднять ее значенье
Монарха нашего способно посещенье.
Сей славный государь, чей разум так высок,
Всего прекрасного любитель и знаток.
Не путая добро с его личиной ложной,
Он судит правильно и хвалит осторожно.
Людовик, наш король, великий, ясный ум,
Который слов своих не тратит наобум,
Пленясь ее красой и грацией прелестной,
Дал в двух словах о ней свой отзыв крайне лестный;
А всем известно, как он может в двух словах
Прославить что-нибудь или повергнуть в прах.

Кольбер, чей вкус так схож со вкусом властелина,
Был также восхищен прекрасною картиной.
Сей мощный гений, столь настойчивый в труде,
Благоразумие являющий везде,
Которому монарх заслуг в вознагражденье,
Торговли и искусств дал направлять теченье,
Возвышенной мечтой издавна обуян,
Ученейшей руке заветный вверил план
И с помощью ее обогатить желает
Тот храм, который он всех больше почитает⁷.
И вот рука, придя в волнение, берет
Палитру, краски, кисть, спешит творить, не ждет
Ни мига, отдыха не знает никакого —
И вот окончила: творение готово
И взорам предстает уже не труд один —
Три чуда в образе различных трех картин.
Однако средь красот, которых здесь так много,
Прекраснее всего изображенье бога.
Всё в нем — величие, всё — кротость, доброта
И дышит мудростью малейшая черта.
Божественность сквозит во всем прекрасном лике,
Внушая каждому восторг и страх великий.
Короче, мастер в нем запечатлел навек
То, что постичь едва ль способен человек.

И впредь, Кольбер, искусств упрочивай господство
Во Франции, где ты блюдешь их превосходство;
Дорогу замыслу высокому расчисть,
Поставивши ему на службу эту кисть.
Пускай ей посвятит, придав свой отпечаток,
Великий человек бесценных дней остаток.
Не часто небеса нам шлют людей таких,
Что мы использовать должны таланты их.
Рукам, что не найдешь легко в любое время,
Доверить должно труд, столь оцененный всеми.
Твоя обязанность скорее их схватить
И за достойную работу засадить.
Не думай, о Кольбер, однако, дожидаться,
Чтобы они пришли к тебе о ней справляться:
Не приспособлены великие мужи
К придворным тонкостям, к учтивой светской лжи.
В свои раздумия погружены всецело,
Единственное в них они находят дело.
Как можно сочетать с искусством светский быт?
Кто стал придворным, тот от мастерства бежит.
Искусству надобно отдаться безраздельно:
Преуспевает в нем лишь дух прямой и цельный.
Они не могут труд совсем забросить свой,
Чтоб твоего смущать привратника покой;
Не могут, близ тебя вертясь, забыв о деле,
Вымаливать хвалу глупца и пустомели.
Любовь к труду, что в их душе всегда живет,
Освобождает их от всех иных забот.
Ты с их небрежностью обязан примириться,
Которая дала талантам их развиться.
Позволь же им идти вперед путем своим
И угождать тебе искусством лишь одним.
Оно заслуги их пред целым явит светом,
На вкус свой положась вполне в вопросе этом:
Он правильно тебе сумеет подсказать,
Кого к большим трудам ты должен привлекать.

Так, возродив искусств слепительную славу,
Ты с их судьбой свою соединишь по праву,
И, именем своим возглавив сонм трудов,
Ты донесешь его до будущих веков.

Перевод с французского: Бенедикт Лившиц

¹ Ce mot de gloire, qui est le titre du poëme de Molière, signifie, en termes de peinture, la représentation du ciel ouvert, avec les personnes divines, les anges, et les bienheureux. Tel est, en effet, le sujet qu’a traité Mignard dans le chef d’œuvre que Molière va célébrer. / «Славою» назывался живописный плафон, изображающий разверзшиеся небеса.
² Le Val-de-Grâce fut fondé par la reine mère, en accomplissement du vœu qu’elle avait fait de bâtir une magnifique église, si Dieu mettait un terme à la longue stérilité dont elle était affligée, et que fit cesser, après vingt-deux ans, la naissance de Louis XIV. / Собор был построен в исполнение обета, произнесенного Анной Австрийской в день рождения дофина, будущего короля Людовика XIV, после 22 лет бесплодного брака.
³ L’invention, le dessin, le coloris. (Note de Molière.) / Вымысел, рисунок, колорит. (Примеч. Мольера).
⁴ L’invention, première partie de la peinture. (Note de Molière.) / Вымысел, первая часть живописи. (Примеч. Мольера).
⁵ Le dessin, seconde partie de la peinture. (Note de Molière.) / Рисунок, вторая часть живописи. (Примеч. Мольера).
⁶ Le coloris, troisième partie de la peinture. (Note de Molière.) / Колорит, третья часть живописи. (Примеч. Мольера).
⁷ Saint-Eustache. (Note de Molière.) / Церковь св. Евстахия. (Примеч. Мольера).

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Кирилл Харитонов
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